divendres, 3 d’octubre del 2008

Pays de malheur! Un jeune de cité écrit à un sociologue


"Plus j'avance dans ma découverte de la sociologie et du fonctionnement de cette putain de société et plus je me dis que j'ai une vie de merde (...) L'auto-socio-analyse que l'on fait ensemble est à la fois libératrice, génératrice d'espoir et pourvoyouse d'instruments, d'armes pour comprendre... Mais elle est aussi terrible, réellement terrible (...) Je ne suis pas celui qu'on peut croire, ayant compris les mécanismes de construction sociale et qui s'en sert pour affronter l'avernir. Non, Stéphane, je suis comme tous les autres de mon quartier: amer... plein d'amertume... déçu par un quotidien qu'on a pas voulu (...) J'aurais aimé que mon père ne soit jamais venu en France pour gagner quelques piécettes, j'aurais aimé avoir grandi dans les campagnes marocaines, dans le dénuement certes, mais aussi sans tous ces faux espoirs, ces appels qui sonnent faux, du style "quand on veut, on peut" (...) Le laboratoire expérimental de la société de ces vingt dernières années (merci, putain de socialistes!!) ferme et jette à la poubelle (ou en prison) ses cobayes malgré eux.
J'aurais aimé être fils de profs, aller dans un lycée de bourges, fréquenter les salles de concert et les bars branchés, et voter socialiste ou Vert pour me donner bonne conscience... Mais non, je suis fils d'esclaves ayant grandi dans la merde, entourés de personnes sans espoir, ni volonté (ou plutôt possibilité) de réussir... je terminerai par cette affrimation: RIEN n'est fait pour nous."
Younes